Chacun-e son Delap

Le Delap de David Emain

6 juin 2025 | 2 minutes de lecture

Au moment d’écrire et de rassembler mes souvenirs, la peur de ne pas trouver les bons mots, les mots justes, m’envahit. Tout est confus en moi et pourtant si clair.

Je ne sais plus exactement à quand remonte ma première rencontre avec François. Très certainement lors d’un CN de la Gauche Socialiste ou lors des universités d’été à Niort à la fin des années 90. J’étais alors un jeune cadre du MJS et de de la Gauche Socialiste en Savoie.

Mais c’est en 2005, après le non au TCE que j’ai rejoint la région parisienne et qu’il m’a intégré à la direction de PRS. Nous nous retrouvions alors chaque semaine au sein du secrétariat national. Delap faisait un point politique et organisationnel. Pas de blabla. Pas de longs discours. Des mots justes, des phrases courtes et simples montrant la complexité des métamorphoses de notre monde, de la gauche et de notre chemin pour la recomposer. Delap pensait le mouvement ouvrier. Delap organisait nos forces aussi pour le changer et construire une grande force politique radicale capable de gouverner. Il aimait parler organisation, il aimait être pédagogique lors de nos sessions de formation.

Il pensait les temporalités de l’action. Il nous a laissé quelques beaux textes d’une brûlante actualité encore aujourd’hui. Un jour, alors que j’étais un peu abattu par nos résultats électoraux très contrastés, il me rassura en me fixant des perspectives.

Delap était un dirigeant politique de premier plan. A l’heure de la politique du tweet et des buz sur TikTok, on mesure ce que fut ce moment de politique. Un moment intense où l’on organise la création d’une nouvelle force politique qui réussit et qui s’impose comme une force de premier plan. Cela n’arrive guère dans une vie militante. Avoir été à ses côtés, a été, sans nul doute, un privilège.

François était profondément humain. Il attachait beaucoup d’importance aux bonnes choses comme la cuisine. Il aimait nous inviter à partager un repas qu’il avait confectionné avec beaucoup de précision. Rien n’était laissé au hasard. Petit sourire en coin et l’œil malicieux, François pouvait aussi être drôle et touchant. Au fil du temps une réelle amitié s’était construite.

François a joué un rôle pour toute une génération de militants et de cadres de notre famille politique. De cette expérience fondatrice, nombre d’entre-nous conservent aujourd’hui encore des liens indéfectibles malgré des parcours politiques parfois divergeants.

Pour moi Delap c’est aussi et surtout un héritage intellectuel et militant qu’il nous a transmis au fil de ces années. Et ce que nous devons en faire aujourd’hui nous oblige.

J’écoute encore avec beaucoup d’émotion Grândola, vila Morena en pensant à lui.

David Emain