Le Delap d'Abi Osmani
Il y a des rencontres qui marquent une vie. Delap en faisait partie. Chez lui, l’intellect et l’humain marchaient main dans la main, une rare alchimie entre la profondeur de la pensée et la simplicité du cœur. A ses côtés, je me sentais toute petite, mais toujours grandie. Sa parole était claire, sa plume incisive, sa présence rassurante. Delap, c’était la gauche exigeante et populaire, ancrée et éclairée.
Je le rencontre en 2004, alors qu’il est secrétaire du groupe socialiste au conseil départemental de l’Essonne, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Nous incarnons « Un monde d’avance, »le courant le plus à gauche du PS. Delap, lui, voit plus loin. Il rassemble, il pense l’action, il trace des chemins.
Nous menons ensemble la bataille pour le non au traité constitutionnel européen. Tout le monde est mobilisé. Delap structure, synthétise, pousse chacun à donner le meilleur. Peu après, PRS naît. J’intègre le secrétariat national, où chacun a sa place, une mission claire. Chaque mardi, Delap et Charlotte m’emmènent aux réunions. Je n’étais pas véhiculée. Ce geste, tout simple, m’a beaucoup touchée. Il disait tant de choses, la solidarité, le respect, la confiance.
Delap ouvrait chaque réunion par un tour de table. Il écoutait vraiment. Il notait, synthétisait, avec des mots courts, précis, éclairants. Il pensait la gauche comme un mouvement vivant, toujours en transformation. Il rêvait d’une force populaire et radicale, capable de gouverner autrement.
Mais François Delapierre ce n’était pas que la politique. Il formait un couple d’une beauté rare avec la douce Charlotte. Ensemble, ils incarnaient une élégance faite d’intelligence, de pudeur et de complicité. Je me souviens d’un retour du secrétariat national. On parlait de la manière dont on voulait être vus par nos enfants. A cette question, ils m’ont répondu en chœur : “Qu’ils nous admirent.” Ce moment m’habite encore.
Francois et Charlotte m’ont aussi fait découvrir Schumann. Le classique, oui. Mais en vérité, ils m’ont surtout montré une autre forme de beauté, la délicatesse, le respect, la profondeur d’un amour vrai, le partagé. Pour moi, ils resteront à jamais mes amoureux de Schumann.
Repose en paix Delap et crois-moi on ne t’oublie pas et on t’admire encore !